听说你喜欢,赶快刨出来送你。萨德的老家在法国南方小镇 Lacoste (不是做 T-shirt 的那家人)。当年办爬梯寻欢作乐的城堡败落成这样了,似乎没人感兴趣来收拾,想当年他的后人连萨德这姓氏都放弃了,可见当时的世俗压力之大。其实,这都是虚伪做崇,满口道德经书的往往非君子也。
萨德的城堡没人管,但还是有萨迷惦记他想念他,特出资请一艺术家塑了他的头像于城堡前,走进一看,美男一个也! Quiz: 猜猜这位萨迷是谁来着?
- posted on 07/14/2009
Lacoste 地处普罗旺斯,过去人少地寡且贫瘠,可阳光充沛,适合橄榄树和其他香料生长,八百米以上的高坡地是薰衣草最喜欢的土壤。二十年来,先是巴黎的小资大资纷纷落脚此地,把过去废弃的农舍农庄重新收拾翻新,于是引来世界小资,以英美为甚,过去纽约五大道上的广告商 Peter Meyle 便是先锋之一,其畅销书 One year in Provence 更使此地游人如鲫,当地人烦不甚烦,可美元英镑可爱啊,只好委屈了。
- Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 07/15/2009
谢luxi,非常喜欢这个雕塑。今晚burnt out, 脑袋不好使,请告诉雕塑家。明天再给你写.... - posted on 07/15/2009
照相很好。心向往斯。
鹿希 wrote:
Lacoste 地处普罗旺斯,过去人少地寡且贫瘠,可阳光充沛,适合橄榄树和其他香料生长,八百米以上的高坡地是薰衣草最喜欢的土壤。二十年来,先是巴黎的小资大资纷纷落脚此地,把过去废弃的农舍农庄重新收拾翻新,于是引来世界小资,以英美为甚,过去纽约五大道上的广告商 Peter Meyle 便是先锋之一,其畅销书 One year in Provence 更使此地游人如鲫,当地人烦不甚烦,可美元英镑可爱啊,只好委屈了。
- Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 07/22/2009
鹿希还是没告诉我谁是雕塑家。。。等。 - Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 07/24/2009
雕塑家我不知道,只知道出资塑像的人,大名鼎鼎的 Pierre Cardin。 Lacoste 是个小村子,本来就没多少房子,一半被 Cardin 买下,他是头号萨迷,生怕人忘记萨德,赶快立像作证。他还想建立个萨德之友图书馆,好像村民不太赞同,怕全世界的萨友都来朝圣,招架不住。
村里的另一半房子给一家叫 Savannah College of Art and Design 的美国学校给买了。我跟人聊天说不认识这学校,人家告诉说,嘿,是名校呢。我只好说,那当然,Lacoste 的头号名校。
- posted on 08/19/2009
今天在等牙医时,见上月有期《观点》(Le Point) 有篇说萨德的文章,很好玩,先贴上给 xw 等 francophones 的同学,待周末点评。同一作者还写过卢梭与伏尔泰掐架的故事,文笔易读,有趣。
Sade - Philosophe et pornographe par Roger-Pol Droit
Sade est en vente libre. Il est passé de la Bastille à la « Pléiade ». Au lieu d'être exécré, jugé infâme, diabolisé, il est célébré. Pourtant, Sade demeure énigmatique, controversé et scandaleux. Car il parle du sexe comme personne d'autre ne l'a osé. Au-delà du « sadisme », qui était-il ? Retour sur un auteur hors norme, qui mêle toujours pornographie et philosophie, horreur et humour, désir et transgression.
Elle a 20 ans et lui 23. Leurs âges sont fort proches, leurs conditions très dissemblables. Le jeune homme est en effet un grand seigneur, issu d'une famille de vieille noblesse. Il fréquente les puissants du royaume, dispose d'une fortune importante. A l'opposé, Jeanne Testard, qui loge dans une chambre à Paris, rue Montmartre, n'est qu'ouvrière en éventails. Pour arrondir ses fins de mois, elle « fait quelquefois des parties ». Alors, quand on lui a proposé deux louis d'or de 24 livres pour la nuit, elle n'a pas dit non. Ce jeune seigneur, bien mis, plutôt bien fait de sa personne, est donc venu la chercher en carrosse, accompagné de son laquais. Il l'a conduite « près de la rue Mouffetard, dans une petite maison à porte cochère peinte en jaune ».
Nous connaissons ces détails par la déposition de la jeune femme. Car, dès leur arrivée, la situation se complique. Cet homme, vraiment, n'est pas comme les autres. Au lieu de trousser Jeanne, comme il aurait dû, voilà qu'il ferme plusieurs verrous et lui demande si elle a de la religion, si elle croit en Dieu, au Christ, à la Vierge. Elle dit oui. Alors, ce monsieur dont elle ignore le nom commence à fulminer, il s'emporte, l'injurie, blasphème de la plus horrible façon. Il déclare s'être déjà masturbé dans un calice, il se vante d'avoir introduit des hosties consacrées dans les parties d'une fille avant de la besogner... Dieu s'est-il vengé ? Bien sûr que non ! Il n'existe pas !
L'homme entraîne Jeanne dans une autre chambre, où sont exposés des martinets, des images obscènes et des crucifix. Il veut se faire fouetter et la fouetter à son tour. Elle refuse. Alors, ce Monsieur entre dans une grande fureur, se dénude, se « manualise » et finit par éjaculer sur un des christs en croix. Ensuite, en la menaçant d'un sabre et de deux pistolets, il contraint la jeune femme à fouler aux pieds un crucifix en criant « je me fous de toi ! ». Après quoi, il veut encore qu'elle prenne un lavement pour en rendre le contenu sur la croix, mais elle s'y oppose de toutes ses forces. Au matin, terrorisée, bien que ce diable d'homme lui ait fait jurer de ne rien révéler, Jeanne Testard se précipite chez le commissaire de police.
Ainsi commence une longue série de scandales. De récidives en complications, d'affaires étouffées en plaintes accumulées, de malentendus en provocations, le résultat final sera une vie prisonnière : Donatien Alphonse François de Sade passera, en tout, vingt-sept ans enfermé dans onze lieux successifs. Il deviendra alors cet écrivain reclus, rivé à sa table de travail, philosophe paradoxal, s'employant de livre en livre à outrager la vertu et à glorifier le crime. L'image du détenu fait parfois oublier la réalité qui l'a précédée : pendant près d'une quinzaine d'années-entre 1763, date de l'affaire Jeanne Testard, et 1778, où il est incarcéré au donjon de Vincennes, puis à la Bastille-, le marquis a organisé à son usage un remarquable tourbillon de « débauches outrées », comme on disait alors.
L'aristocrate débauché
Il est vrai que la débauche, simple ou complexe, se portait bien à l'époque. Au moins depuis la Régence (1715-1723), une part non négligeable des élites menait une vie pailletée de dévergondages. Prostituées, mères maquerelles, comtesses lubriques et libertins pratiquants n'étaient pas seulement personnages de romans érotiques ou figures de comédie. On les retrouvait, avec quelques ecclésiastiques sans vergogne, dans une multitude de parties fines, où les spectacles pornographiques devenaient monnaie courante. Toutes les possibilités s'expérimentaient-à deux, à trois, en groupe, selon des mises en scène toujours renouvelées. Bref, la liberté, que le siècle des Lumières revendique en tout, n'épargnait pas les moeurs.
Au premier regard, notre marquis n'a donc rien d'exceptionnel. Réunir fréquemment quatre ou cinq filles, sans oublier un fidèle domestique rendant tous services, qui s'en étonnerait encore ? Louer simultanément jusqu'à cinq ou six appartements différents pour brouiller les pistes, constituer un réseau de rabatteuses, entretenir un essaim de jeunesses-comédiennes, petites mains, filles naïves ou vicieuses-, y ajouter quelques jeunes gens pour varier les combinaisons, voilà qui exige, incontestablement, de la santé, de l'attention et des moyens ; mais qu'y a-t-il là, en ce temps et en ces milieux, d'extravagant ? Rien du tout. Sade, en déployant cette mirifique activité que ses biographes détaillent par le menu, pourrait être semblable à bon nombre des libertins de l'époque. Pourtant, ce n'est pas le cas.
Ce qui le différencie ? La mise en scène de ses orgies : fouets, injures, blasphèmes, terreur. Voilà ce qui fit réellement scandale, bien plus gravement que la sodomie ou les dépenses inconsidérées, qui ne choquaient personne. En fait, Sade inquiète. Car, dans le fond, il ne joue pas le jeu du libertinage. Ou plutôt il le pratique tout autrement que les autres. Il franchit les limites admises, suscite l'effroi, soulève l'indignation. Il se pourrait bien que ce soit cela, en réalité, qui l'intéresse vraiment : la transgression et l'outrage. Cela l'excite et le met en mouvement, plus sûrement que la douceur des chairs et les attraits des demoiselles. Alors, les dossiers de justice s'accumulent.
Ainsi Rose Keller, mendiante de 36 ans, d'origine allemande, porte plainte contre Sade. Le dimanche de Pâques 1768, il la ramasse dans la rue, lui propose de l'argent pour faire sa chambre et la conduit dans une petite maison qu'il vient de louer à Arcueil. Sur place, il l'enferme, la force sous la menace à se dénuder, la fouette abondamment et jouit. Parvenant à s'enfuir, elle va déposer auprès du juge d'Arcueil. Autre exemple, quatre ans plus tard, à Marseille. Cette fois, le maître a réuni, banalement, quatre filles de 18 à 23 ans, un laquais bisexuel et des martinets. Ce qui va compliquer la situation, c'est qu'il distribue des bonbons à l'anis contenant de la cantharide, substance supposée aphrodisiaque, en réalité toxique. Une des jeunes femmes s'évanouit, une autre est prise de nausées durables. Le scandale n'est pas que le marquis sodomise Marianne pendant que son valet Latour lui rend le même service, mais que des soupçons d'empoisonnement s'ajoutent désormais à la réputation, déjà difficile, de monsieur de Sade.
Que fait la police ? Somme toute peu de choses. En dépit des diverses dépositions, des poursuites engagées, des scandales à répétition, l'obstiné récidiviste ne semble pas avoir été inquiété trop vite ni trop gravement. On peut s'en étonner. Mais le fait est que Sade n'a jamais tué personne. Excessif : oui, criminel : non. Dans ce domaine, il parle sans agir. Lui qui fera mourir tant de victimes imaginaires dans les livres qu'il écrira en prison n'a commis, pour s'y retrouver presque toute sa vie, aucun meurtre réel. Des intimidations, quelques violences, aucun cadavre. Cela peut expliquer, en partie, les lenteurs de la répression. L'Ancien Régime explique le reste. Les Sade sont en effet une des plus importantes familles de Provence, dont les traces sont repérables depuis le XIIe siècle. La célèbre Laure, chantée par Pétrarque et vénérée par tous les lecteurs du poète, se nommait Laure de Sade. Cette beauté disparue en 1348 est une des aïeules de Donatien Alphonse François.
Lui naquit à Paris, en 1740, dans l'hôtel de Condé, car sa mère était dame d'honneur de son amie de toujours, la princesse de Condé. Son père, ce jour-là, était absent : il inspectait des troupes à Cologne pour le roi. Elevé dans le luxe, partageant son temps entre Louis-le-Grand et le château de Lacoste, dans le Luberon, demeure de la famille, Sade finit par se prendre pour le centre du monde et ne rencontrait personne pour le persuader du contraire. Car les Sade ne sont pas des nobliaux de seconde zone. L'habitude prise d'appeler Sade « marquis » (ce qu'il fut d'abord, mais il devint comte à la mort de son père) pourrait faire croire à une petite noblesse. Au contraire, ce sont des piliers du royaume.
Cela peut expliquer la relative impunité de ses actes de violence, pourtant commis dans des frasques à répétition où se retrouve presque toujours le même scénario. En des temps où les sujets ne sont pas égaux devant la loi, que peuvent quelques filles modestes contre un grand de ce monde ? Ces scandales ont compliqué la vie de Sade, ils n'ont pas entraîné, à eux seuls, ses années d'enfermement. Pour qu'il finisse entre quatre murs, il faudra plus que les dépositions de quelques plaignantes plus ou moins molestées. Sa propre famille et le roi lui-même, au terme de multiples péripéties, ont fini par s'en mêler.
Un roman entier ne suffirait pas pour évoquer cette séquence mouvementée où Sade, amoureux de Mlle de Lauris, épouse Mlle de Montreuil, la trompe aussitôt, vit au château de Lacoste avec une comédienne qu'il fait passer pour son épouse, obtient d'abord le soutien de sa belle-mère comme de sa femme dans toutes ses affaires de moeurs, finit par lasser à force de récidives et par inquiéter à force de scandales, dont le moindre n'est pas sa liaison passionnée avec Anne-Prospère de Launay, la propre soeur de sa femme qui avait le double mérite d'être fort jolie et de surcroît chanoinesse.
Le processus qui conduit à son incarcération s'étend donc sur des années. Quand il finit par être arrêté, il s'évade, puis est repris, et s'enfuit de nouveau, revient sur ses terres, monte en son château des pièces de théâtre et multiplie les fêtes, s'esquive en Italie. Finalement, il se claquemure à Lacoste avec cinq très jeunes filles et son épouse, qui semble désormais prise dans son jeu. Une des jeunes filles s'enfuit ; elle semble mal en point, les parents portent plainte. Nouveau scandale. Finalement, le piège se referme. Sade n'a rien fait pour l'empêcher. Au contraire, il a multiplié les provocations et les récidives.
Cet autoportrait ne ment pas : « Impérieux, colère, emporté, extrême en tout, d'un dérèglement d'imagination sur les moeurs qui de la vie n'a eu son pareil, en deux mots me voilà ; et encore un coup tuez-moi ou prenez-moi comme cela, car je ne changerai pas. » Tant d'obstination et de fierté force le respect. Au moins, ce n'est pas un hypocrite. Mais il joue évidemment contre sa liberté. Les siens, qui avaient le pouvoir de le protéger, décident de l'empêcher de nuire. Au moins, s'il reste enfermé, il ne fera pas scandale. Mauvais calcul. Le résultat, en fait, sera bien pire.
Le prisonnier écrivain
Au donjon de Vincennes, puis à la Bastille, Sade va se transformer. C'est là, sans conteste, qu'il devient écrivain. Et l'un des grands. Sans doute, auparavant, pouvait-il déjà revendiquer une jolie plume et quelques oeuvrettes, comme tant de gens instruits au XVIIIe siècle. Mais rien de plus. Au cours de ses douze premières années de captivité, en revanche, il va se changer, au fil des pages, en un autre lui-même. La situation, il est vrai, cruelle et singulière, semble faite pour lui convenir. N'étant pas condamné, il ne purge aucune peine. C'est en raison d'une lettre de cachet qu'il se trouve enfermé. Jugé dangereux, il est privé de sa liberté de mouvement. Du coup, Sade va se venger, d'une manière retorse et bien plus redoutable que ses gesticulations précédentes.
Aucune chair, fraîche ou non, ne s'offre à molester. L'imagination dès lors s'échauffe. Il le dit lui-même, à sa femme, en juillet 1783 : « [...] Vous avez imaginé faire merveille, je le parierais, en me réduisant à une abstinence atroce sur le péché de la chair. Eh bien, vous vous êtes trompés, vous m'avez échauffé la tête, vous m'avez fait former des fantômes qu'il faudra que je réalise. » Les maisons de mots que ces fantômes vont hanter seront des chefs-d'oeuvre de noirceur absolue.
Car la vengeance de Sade consiste à découvrir que la littérature est la continuation de l'orgie par d'autres moyens. C'est pourquoi il s'en délecte. Au fil des ans, il va élaborer l'oeuvre la plus étrange et la plus inclassable qu'on ait écrite en langue française, et peut-être en toute langue. Ouvre d'une insolite diversité, car il ne néglige aucun des registres qui s'offrent à lui : contes, historiettes, romans, dialogues philosophiques, pièces de théâtre, poèmes, jouant de tous les degrés de l'érotisme-du plus soft au plus hard, comme dit notre siècle. Va-t-il vers de plus en plus de violence ? Cette apparente évolution est une illusion. Il est vrai que l'histoire de Justine, cette héroïne dont la vertu fait le malheur, a connu des versions de plus en plus corsées, depuis le texte presque chaste des « Infortunes de la vertu » jusqu'aux scènes en gros plan de « La nouvelle Justine ».
Mais cette gradation dans l'horreur ne vaut en aucune manière pour l'ensemble de l'oeuvre. Le pire, « Les cent vingt journées de Sodome » (1785), vient avant des textes plus légers comme « La philosophie dans le boudoir » (1795) ou « Aline et Valcour » (1795). Au lieu d'un auteur sombrant dans une cruauté croissante, il faut voir Sade comme un expérimentateur, capable de passer constamment d'un style à l'autre, variant les genres littéraires, les intensités verbales, le grain ou le piqué des images. C'est une erreur-souvent commise-de croire qu'il passerait par degrés du badin à l'horrible, des romances douces-amères à l'infamie des supplices. Il n'existe chez Sade, à sa maturité, ni escalade dans l'horreur ni descente aux enfers.
Evidemment, il ne parle que de sexe, si l'on tient absolument à ce terme unique. Car le sexe, chez Sade, est tour à tour, dans un même livre ou d'un titre à un autre, érotique, pornographique, scatologique, philosophique. Humoristique aussi, on l'oublie trop souvent. En effet, l'humour de Sade ne cesse de se manifester, si l'on y prête attention, même sur fond de lugubres tortures ou de supplices invraisemblables. En fait, ce que Sade développe, dans des jeux d'écriture tantôt somptueux d'élégance et de joliesse, tantôt lassants de méticuleuse monotonie, c'est toujours une expérience de l'écart.
Ce terme revient sous sa plume dans les contextes les plus divers. Les écarts, ce sont les activités des libertins telles qu'il les décrit. Ce sont aussi, indissociablement, des écarts à la norme, des exceptions, des passions dont la singularité n'est pas réductible. L'écart, c'est également, et par excellence, la transgression, le franchissement des bornes, cet étrange mélange d'une satisfaction sans pareille, engendrée par la rébellion qui bafoue la loi, et d'une excitation nouvelle, suscitée par l'attente de territoires encore inconnus, au-delà des limites.
Là se tiennent, en fait, aussi bien les contradictions que l'étrange génie de Sade. Parmi ses contradictions, la plus visible est ce besoin de maintenir les interdits pour les transgresser. Le plaisir de la sodomie, par exemple, est d'abord lié pour Sade à la réprobation dont elle fait l'objet. La jouissance de l'inceste, ou de l'anthropophagie, est indissociable à ses yeux de la transgression des interdits majeurs. Le paradoxe, c'est qu'il faut donc les maintenir ! S'ils disparaissaient, où serait le plaisir de les bafouer ? Il faut donc toujours, pour jouir de la transgression, maintenir la limite que l'on veut franchir ! Pourtant, il faut aussi décréter nulle cette frontière pour accomplir ce qui est interdit.
Le même dispositif est visible, plus nettement encore, dans l'attitude de Sade envers la religion. On ne trouve nulle part chez lui cette indifférence sereine que procure une incroyance totale. En fait, pour celui qui est radicalement incroyant, se masturber dans un oreiller ou dans un calice ne peut faire aucune différence. Pour jouir du blasphème, il faut au contraire continuer à sacraliser les objets du culte, tout en les haïssant. De ce point de vue, Sade est dépendant du catholicisme : il a besoin que celui-ci existe pour le piétiner. De là, il n'y a qu'un pas pour conclure qu'il souhaite voir perdurer l'Eglise. Ce n'est pas faux.
Ce que confirme encore l'athéisme de Sade. Celui-ci n'a rien, lui non plus, d'une sereine indifférence. Au lieu de tourner la page (si Dieu n'existe pas, cessons donc d'en parler), il tient obstinément à vouloir le couvrir de crachats. Ce paradoxe éclate notamment dans « La vérité », poème philosophique de 1787 dans lequel Sade exprime avec une virulence extrême sa haine de Dieu, « bizarre et dégoûtante idole », « infernale imposture », « exécrable chimère ». Il écrit alors : « Je voudrais qu'un moment tu pusses exister / Pour jouir du plaisir de te mieux insulter. »
Si tant d'esprits contemporains ont été fascinés par l'exploration que tente Sade d'un monde sans Dieu, sans freins et sans lois, c'est qu'il est allé au plus loin dans cette expérience mentale où le sexe, en fin de compte, n'est qu'un prétexte ou un point de départ. Son jeu, somme toute, consiste à remplacer un infini par un autre. Au lieu de l'infini de la création, de l'amour et du plaisir, celui de la destruction, de la haine et de la souffrance. Le livre le plus invraisemblable, dans cette optique, est incontestablement « Les cent vingt journées de Sodome », où Sade décrit comment, dans un château inaccessible, quatre monstrueux pervers, richissimes et sans la moindre pitié pour qui que ce soit, passent en revue le catalogue des passions humaines, des plus ignobles aux plus criminelles, et les mettent en pratique sur les « objets »-les victimes-qu'ils ont enfermés avec eux à cet effet.
Ce livre, dont on ne peut sortir indemne, que Sade présente comme le « récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde existe », porte effectivement à son comble le renversement de la bienséance, mais aussi de la pitié, de la morale, de ce respect humain que l'on désignait en son siècle, et auparavant, du vieux nom de vertu. Avec « Les cent vingt journées de Sodome », le philosophe le plus malintentionné de l'Histoire a réussi une sorte de crime parfait.
Car ce livre non seulement outrage la dignité humaine, avilit la pureté, bafoue la compassion mais aussi, à un moment ou à un autre, selon la complexion propre à chaque lecteur, séduit. Ainsi éprouve-t-on un choc : avoir été enjôlé par le texte le plus nauséeux-le plus antimoral, antiphilosophique, antisocial, voire antisexuel-qui fut jamais. Il existe en nous avec le pire une connivence possible. Au creux du désir se tient un penchant pour la destruction. Voilà ce que Sade fait découvrir, avant Schopenhauer, Nietzsche ou Freud.
Le vieillard à l'asile
Le 14 juillet 1789, quand le peuple de Paris prend la Bastille, Sade n'est pas dans sa cellule. Il avait été transféré le 2 juillet à Charenton, parce qu'il semait le trouble en hurlant par la fenêtre qu'on tentait d'égorger les prisonniers. Les passants, déjà échauffés par le climat d'émeute qui commençait à monter, ne manquaient pas de s'attrouper... Anecdote dont le marquis se servira pour prouver, dans les années qui suivront, sa précoce ardeur républicaine. Pourtant, au début, la Révolution ne le met pas réellement en joie : ses effets personnels, à la Bastille, ont été vandalisés.
On ne doit pas oublier combien les conditions de détention étaient alors fort différentes des nôtres. Un détenu comme Sade peut aménager son ordinaire à sa guise. En envahissant la Bastille, les émeutiers ont pillé la chambre du marquis, s'emparant des meubles et des tentures précieuses qu'il y avait fait installer, dérobant les quelque 600 volumes, dont certains de grand prix, qu'il y avait entassés. Bref, il est fort mécontent. Et même désespéré : au milieu des troubles, le manuscrit des « Cent vingt journées » a disparu ! Cette oeuvre inouïe, qui lui tant coûté, a définitivement péri. Sade en a versé, de son propre aveu, « des larmes de sang ». Il mourra sans savoir que le rouleau a été retrouvé dans les pierres de la Bastille.
Certes, les lettres de cachet sont abolies et il recouvre enfin la liberté. Et les actrices qui, même sous la République, sont toujours jeunes et jolies. Pourtant, rien n'est plus comme avant. Sade a 50 ans, inaction et gourmandise l'ont rendu obèse. Ses biens sont sous séquestre, il est pratiquement ruiné. Son épouse se sépare de lui définitivement, son passé d'aristocrate est suspect... Sa seule consolation est de constater que l'athéisme progresse. Il est difficile de savoir s'il croit sincèrement aux discours enflammés qu'il prononce pour célébrer la mémoire de Marat à la section des Piques, mais il est probable que voir les prêtres pourchassés et les statues de saints saccagées lui met du baume au coeur.
C'est sous le Directoire que Sade publie ses romans les plus flamboyants et les plus célèbres (« La nouvelle Justine », « Juliette ou les Prospérités du vice », « La philosophie dans le boudoir »). On y retrouve ses thèmes habituels, mais amplifiés et approfondis, argumentés et formulés de manière plus forte. Les idées qui reviennent comme une ritournelle sont autant de provocations majeures : seuls d'absurdes préjugés (bienséance, décence morale, altruisme, respect de la vie) imposent des limites à nos désirs ; la nature parle en nous et, quand elle nous inspire des crimes et nous souffle des meurtres, nous ne devons pas lui résister, car la mort sert ses desseins ; la vertu engendre la tristesse, le malheur et la misère ; le vice, lui, assure une infinité de jouissances, de prospérités et de richesses.
Sade prend ainsi le contre-pied de toute l'histoire de la philosophie, où l'on ne cesse d'affirmer que la vertu rend heureux, que nul n'est méchant volontairement, qu'il ne peut y avoir de bonheur dans le crime et que la nature nous dicte la pitié. Entre les orgies qui les réunissent, les personnages de Sade développent leurs arguments paradoxaux en soulignant toujours combien l'échauffement des idées et celui des organes vont ensemble : plus on fout, plus on philosophe, et inversement. Ce n'est pas à sa philosophie, inspirée de La Mettrie, de Diderot et du baron de Holbach, que ses contemporains furent le plus sensibles.
En fait, les fondements philosophiques du « système » sadien ne sont pas par eux-mêmes d'une grande originalité. Il emprunte à ses contemporains les éléments d'un matérialisme radical, qui interprète tous les désirs en termes de processus organiques. L'âme est une fonction du corps, la nature seule produit les êtres vivants, aucun dessein conçu par un quelconque « grand architecte » ne préside au fonctionnement de l'univers. Ce qui fait la singularité philosophique de Sade, c'est sa destruction de la morale au nom du matérialisme. Il fait constamment l'éloge de la trahison, du vol, de l'ingratitude, supposés procurer des plaisirs supérieurs aux actes vertueux. Surtout, Sade porte jusqu'à sa dernière conséquence son apologie du crime, en imaginant une Société des amis du crime dont les membres rivalisent de crapulerie. Il s'agit d'ailleurs d'une société dont il n'est pas prudent de faire partie, puisque chacun y trahit son plus proche allié...
Cela dit, si « Justine » devint un best-seller, c'est d'abord en raison de son contenu pornographique. Pour gagner de l'argent, Sade multiplia les rééditions. La vertueuse Justine était une bonne gagneuse : ses infortunes parvinrent à réparer quelque peu celles de son maître. Toutefois, à cause de la réprobation violente dont l'ouvrage fait l'objet, Sade, qui ne tenait pas à retourner en prison, niera toujours farouchement en être l'auteur. Peine perdue. En 1801, Bonaparte, Premier consul, rétablit les relations avec la papauté et va rouvrir Notre-Dame de Paris : un tour de vis s'impose dans l'ordre moral. Il s'en prend donc au plus fameux des pornographes, l'auteur de « Justine », « le livre le plus abominable qu'ait engendré l'imagination la plus dépravée », dira encore Napoléon dans le « Mémorial de Sainte-Hélène ». Pas de bûcher pour Sade, mais de nouveau l'enfermement. Cette fois, ce sera chez les fous, faute de motif suffisant pour le condamner. A l'asile de Charenton, où il va passer les treize dernières années de sa vie.
Même si l'on n'éprouve pas pour cet homme une sympathie débordante, il y a quelque chose d'inacceptable et de révoltant dans cette longue réclusion arbitraire, sans jugement, pour le seul motif d'avoir écrit des oeuvres jugées immorales et corruptrices, et d'être capable de récidiver en en écrivant d'autres. La « bonne conduite » du vieil homme conduit le directeur de l'asile à assouplir le règlement. Sade, toujours enfermé, aura droit à un petit appartement avec ses affaires, à quelques promenades, à des visites. Il retrouve même, à quarante ans de distance, une scène de théâtre. Mais on est loin du château de Lacoste, des actrices accortes et des fêtes légères. Il monte cette fois des spectacles chez les fous, aux Petites Maisons, avec des aliénées disgracieuses et des spectateurs ignares.
Cette caricature de théâtre n'est qu'un feu de paille. La détention arbitraire se durcit, les tracasseries policières se multiplient, son bureau est régulièrement fouillé, à la recherche de textes licencieux. Il s'agit de briser « un homme que son audacieuse immoralité a malheureusement rendu trop célèbre », comme dit le médecin-chef de l'hôpital. On veut envoyer Sade au fort de Ham, dans la Somme. Les persécutions absurdes s'intensifient encore : on confisque et brûle son manuscrit d'un grand roman, « Les journées de Florbelle » (108 cahiers dont il ne reste rien), on lui interdit finalement « l'usage de tout papier, encre, plume et crayon ». Le 9 juin 1812, Napoléon Ier confirme que Sade doit demeurer enfermé à jamais. Il meurt le 2 décembre 1814.
Son testament précisait : « La fosse une fois recouverte, il sera semé dessus des glands, afin que par la suite le terrain de ladite fosse se trouvant regarni, et le taillis se retrouvant fourré, comme il l'était auparavant, les traces de ma tombe disparaissent de dessus la surface de la terre, comme je me flatte que ma mémoire s'effacera de l'esprit des hommes. » Pour la tombe, il en fut bien ainsi : personne ne sait plus où elle se trouve. Pour la mémoire, il en alla tout autrement. En deux siècles, Sade a conquis le monde.
Finalement ?
Avec Sade, il n'y a pas de mot de la fin. Les commentaires sont comme le sexe : infinis. Et toujours inconciliables. Dangereux pervers pour les uns, héros de la libération des moeurs pour d'autres, il est encore explorateur des souterrains de l'âme, noir poète de la face cachée du désir, penseur de génie, écrivain de premier plan, prophète des temps modernes annonçant la destruction de l'homme... La difficulté, c'est qu'il est effectivement tout cela à la fois. Ce qui fait de Sade un champion de l'ambiguïté toutes catégories.
On lui doit avant tout d'avoir fait comprendre, plus et mieux que tout autre, que le sexe n'est pas spontanément tendre, doux et gentil, encore moins altruiste. Le désir sexuel porte en soi une part de destruction, un principe d'excès, une tendance au saccage et à la mort. Il est faux d'en conclure, comme le dit Juliette, l'héroïne des « Prospérités du vice », que « tout est bon quand il est excessif » et plus faux encore de professer, comme le fait Sade, qu'il convient de laisser libre cours à cette destructivité. Mais, si l'on met à part ses outrances, il reste que ce grand méchant homme a cet immense mérite d'avoir attiré l'attention sur ce qu'il y a d'originairement barbare dans toute sexualité. Le désir brut, Sade ne cesse de le montrer, n'a pas de limites naturelles, pas de sens des réalités ni de sens moral.
De ce point de vue, Sade a ouvert la voie à plusieurs pensées majeures. Nietzsche passe comme lui derrière les apparences de la morale pour montrer combien dans les cuisines de la vertu règne la puanteur. Freud prolonge et amplifie son intuition centrale en élaborant la pulsion de mort et montre qu'il n'y a pas seulement de rudes conflits, mais aussi de solides alliances entre Eros (sexe, vie, forces de rassemblement, construction) et Thanatos (mort, forces de dispersion, destruction). Il faudrait ajouter Deleuze, dont les « machines désirantes », le sens du multiple, les combinaisons infinies, le devenir animal doivent probablement à Sade bien plus qu'on ne pense.
Une dernière leçon concerne les relations de l'imaginaire et de la réalité. On ne comprend rien à Sade, en fin de compte, si l'on croit que ce qu'il dit doit être fait. En orgie comme en philosophie, il s'applique à construire des expériences de pensée. Ces pires infamies, malgré les apparences, ne sont pas des conseils pratiques pour devenir crapuleux, mais des expéditions mentales. Ce qui complique gravement la situation, c'est que ces périples imaginaires ont aussi un impact sur la réalité. Si l'on ne sort pas indemne de la lecture de Sade, il faut le répéter, c'est que la réalité fantasmatique qu'il met en oeuvre touche au plus profond et génère un malaise intense autant que difficile à cerner.
Plus grave : la réalité de l'histoire du XXe siècle a rattrapé la fiction, elle a égalé en horreur les récits sadiens. Aujourd'hui, face au monde que décrit le dernier livre des « Cent vingt journées », où règnent l'arbitraire, la terreur, la déshumanisation la plus complète, où les corps sont suppliciés et démantelés par fragments, estropiés avec lenteur et sauvagerie, soutenus pour survivre, au moins un peu, afin de subir de nouveaux tourments, il nous est difficile de ne pas retrouver les forfaits réels de notre époque, organisés par Hitler ou Pol Pot. En attribuer à Sade la responsabilité serait idiot. Mais croire que le pire demeure une affaire purement mentale est plus bête encore.
Explorations de l'excès, écarts portés aux limites, tout chez Sade est finalement affaire de fantasmes. « Tout le bonheur de l'homme , dit-il, est dans l'imagination. » On devrait ajouter : tout son malheur. Et son sexe lui aussi, même dans ses plus réelles activités, en dépend encore. A l'infini.
- Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 08/19/2009
鹿希mm
你欺负我们这些不懂法文的土包子,呜呜。 - Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 08/19/2009
草叶 wrote:
鹿希mm
你欺负我们这些不懂法文的土包子,呜呜。
哪敢呀?不是说了吗,我在挣面包,等有空点评。等不及的话,请雪mm 和xw 代劳,眼下没空,真的对不起。回头给你贴几张面包片片? - Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 08/21/2009
谢谢鹿希了,Marquis de Sade是贵族,贵族,自然能创造一些文化
来,不谈天时地利,就人和一项,还有胆量! - posted on 08/22/2009
[Warning: 道德感过重者回避]
题记 -- 某日故地重游法国南方普罗旺斯的吕贝隆( Lubéron dans la Provence)山区,路经奔牛村(Bonnieux) 时,在村外高地的咖啡歇息,就着啤酒,眺望隔着小山谷的另一个小村拉戈斯特 (Lacoste) ,封存若干年的记忆闸门忽然打开,觉得我肯定来过这个地方,一个枯草荒芜被废弃城堡的图像渐渐浮现,那个城堡, 好像是那谁谁的,可一时又无论如何想不起谁。刚进村,见路标显示萨德城堡,对,是他,萨德。其实我只听说过其名,并未读过其书,只知道毁誉参半,喜欢的喜欢,不喜欢的就是不喜欢。自从结束读书度日考试混文凭的日子以后,我终于找回随意随兴的读书兴趣和乐趣,基本是逮着什么读什么,其结果,至今还没碰到过萨德。
数月后,在牙科诊所候诊时,见有期《观点》(Le Point) 有篇说萨德的文章,作者姓右,Roger-Pol Droit ,(注:Droit 作为名词有公正,法律,正直等意思;作形容词是左右的右。我不认识作者,不知道他是否刚直不阿,也许是他的笔名呢。想来想去,叫他右先生吧)。右先生是转业研究哲学和文学的学者,业余给各报刊写专栏。他的文章,呵呵,不是记者写的那种短平快式的杂烩,稍长了些,但很严肃,言之有物,也很八卦,故很好看。我一边看一边笑,不过想起萨德的城堡破败荒凉的景象,读到有关他的身世和故事,有些不胜嘘吁。
*****
“萨德的书在市面自由出售了,萨德本人也从巴士底狱荣升《七星文库》了。他不再被视为下流无耻,被妖魔化,相反,他被赞赏。尽管如此,萨德因为关于性的言行前所未有,他曾被视为可耻可丑,因此引起的争议使他对世人仍然是个谜。 除了‘sadisme’ 外,他其实是个集淫秽和哲学,丑恶与幽默,欲望与冲破禁忌于一身的,与众不同的人。” 右先生的文章如此开头,他大概考虑了我这类缺乏耐心的读者,先把迷底揭了再说。既然萨德并不光是一个以施虐和受虐为享乐的人,肯定还有其它更有趣的故事在后头呢。
接下来说的是萨德与警察最早的故事。一七六三年的一个清晨,一位叫Testard 的二十岁姑娘惊慌失措来到警察局报案,被告是二十三岁的萨德,这是萨德漫长的“风化败坏”的记录的开始。姑娘想警方讲述了她如何被萨德诱骗到巴黎一条小街的一小屋里,然后被反锁在屋,萨德先问她是否信上帝,耶稣,圣母,那年头,谁不信?女孩点点头。然后,“这位先生”,她不知道他的姓名,“开始发狂,用最恶毒肮脏的语言咒骂上帝,借圣杯给自己手淫”,还说要用圣饼给姑娘作性具,还说要报复上帝,后来又说上帝更本就不存在,值不得报复。随后,萨德把女孩拖进另一间摆满十字架和其它乱七八糟东西的屋子,用鞭子自己抽自己,又想抽女孩,被拒绝后,他用剑和枪咆哮着逼她用脚踢地上的十字架和其它宗教画像…..可怜的姑娘以为自己遇到的不是疯子就是鬼,伺机夺荒而逃,直奔警察局。从此,萨德这位世袭侯爵的名字因“道德败坏,有伤风化”而频繁出现在警察局,他生于一七四零年,死于一八一四年,七十多岁的生命中有前后二十七年是在监禁中度过,被囚禁的地方达十一处之多。他屡禁屡犯,多次被告性虐待年轻的妓女和他家里的男女佣人,后来妻子也参与他的游戏。
右先生写道说,十八世纪末期,旧时代正在崩溃,革命在即,但革命者的面目不清,谁也不知道等待自己的命运是什么,无非今朝有酒今朝醉。一个或几个的成年的男女,贵族或平民或佣人,相聚某豪宅官邸,寻欢作乐,淫歌艳舞,异性恋单性恋双性恋老少恋,不时有几个戏子,贵族才子,深闺怨妇的加入,无疑为干柴烈火,火上浇油。其实萨德的生活方式在当时的贵族圈中并不例外,更不被视为越轨。说到底,就算是放荡淫乱吧,可别忘了那是启蒙时代,贵族精英正不遗余力地宣扬摆脱教会和皇权,追求自由,精神自由,思想自由,社会风气的自由和个人自由,自然也包括性的自由。而萨德与众不同的是,他寻欢的具体方式被视为越界,并且他对此毫不隐瞒,公开宣扬自己对各类性聚会的热衷,他追求的快感来自皮鞭,刑具,辱骂,亵渎神灵,恐吓,暴怒,伤痛,施虐并受虐,其行为超越所谓的道德,挑战虚伪的伦理,寻找突破禁忌和羞辱所能带来的高潮。读到这儿,我好像领会一点萨德了,他的性趣也许不是大多数人的性趣,但也很难说是曲高和寡,谢天谢地我们不用知道隔壁邻居卧室里的故事,可树林子大了,什么鸟没有呢?古今中外,也许萨德的知音还真不少呢。
萨德全名道那西•阿尔风斯•法郎索瓦•德•萨德(Donatien Alphonse François de Sade)他出生于巴黎,死于巴黎郊外。萨德出生于一个古老的法国南部的贵族家庭,其历史可以追溯到十二世纪。萨德的童年部分是在巴黎和拉戈斯特的城堡中度过,他受过良好的教育,成年后与另一位贵族名门女子结婚,育有子女三人。进巴士底狱之前他还和妻子回到拉戈斯特生活过几年,并在城堡里同时和好几个女性一起玩他热衷的各种性游戏。一七八四年,他在被囚的文森监狱试图越狱未遂,后被关押到巴士底狱,一呆五年半,这也是这段萨德写作上最有成就的时间,一七八九年,革命的巴黎市民攻占巴士底狱,本来可以解放被关押的贵族萨德,但他在早几天被转移到郊外莎昂东的精神病院,直到次年才被释放。不过他在监狱里的许多个人财产被洗劫了,其中包括近六百多本书籍,这么说萨德有个小图书馆在囚笼之中啊, 难怪高产呢,不知当时的监狱管理是否本来如此宽松还是优待贵族囚犯。
萨德的亲朋故友开始还来狱中看望他,凭借名望和财富,家人本来可以把他赎出牢狱的,可是迫于道德压力和舆论,他们觉得他还是呆在牢里对大家都更有利。萨德的心情究竟如何不得而知,但从史实记载,他的囚禁条件不算太差,单间,有自己的书籍,可以散步,可以写字,身陷囫囵的萨德于是笔耕不缀,在文字中放荡,在想象中作乐,文学成为他对自己失去自由的最好报复。《索多玛的120天》(Les 120 Journées de Sodome,1785),《闺房里的哲学》(La Philosophie dans le Boudoir, 1795)和同年的《阿莉娜和瓦尔古》(Aline et Valcour) 都是在巴士底狱里完成的。萨德担心书稿被狱卒没收焚毁,将已写完的《索》书第一部以及未完成的后三部大纲,誊写在一张张宽约十到十二公分、头尾相连、两面书写、全长超过十二公尺的纸卷上,藏在狱房某角落。随后,一七九八年,巴士底狱被民众攻占,萨德被移监莎昂东时未及带走手稿。他以为《索》书的手稿已经烧毁于革命之火,伤心不已,称自己“泣血” (verser des larmes de sang)。世纪上《索》书手稿并未焚毁,而是被一个某大家族三代收藏,一百年后离奇出土,后几经波折辗转,直到一九三一至三五年间,《索多玛120天》书才得以重见天日。此时距离萨德写《索》书已经近一百五十年了,此为后话。据文章作者右先生称,萨德选择了《圣经》里的罪恶之城索多玛为背景,倾尽其想象力,尽情描述了施虐者和被虐者在一个无人进入的城堡中的种种性游戏,包括性暴力,性犯罪等等。并断言,因为萨德对天主教的藐视,对上帝存在的彻底否决,对人类社会罪恶的铭心刻画,使任何读了本书的人都不会无动于衷。
《闺房里的哲学》则是他的世界观地最好写照。在这本书里他描写了一个下午和此后的晚上一个贵族年轻淑女的性生活和哲学的启蒙。其教师是一个女贵族,两个男贵族和一个粗壮的农民。在精疲力乏的游戏必需的恢复休息的时间里,这四个主角探讨哲学问题。其中尤其同性恋的、唯乐主义的、无神论的讨论,宣扬他的信条,即不论多么所谓不道德的行为在世界上肯定有什么地方会被自然容忍或甚至被赞成。萨德的描写极尽恶心,丑恶,令人作呕,反哲学,反道德,甚至反性行为本身,每一行都浸透出对性的毁灭,对人的毁灭。他的文字对这一切的表述远远早于叔本华,尼采,佛洛伊德。行文至此,我更喜欢右先生的文学八卦了,想象那场景,毕竟是希腊拉丁文化熏陶下长大的法国贵族,互打几大棒,几十鞭,再唾沫横飞,恶毒诅咒,骂爹,骂娘,骂上帝,说不定伤痛未愈,血痂尚存之际,互整衣冠,该耳语时便耳语,该叹息时便叹息,大伙围坐着咖啡雪茄卿卿我我,聊哲学了。
萨德借大革命的光出狱,妻离子散,但他江山易改,本性难移。照样过着和年轻时一样的流水日子,笔也没闲着。1791 年其色情小说《于斯蒂娜》(Justine) 一举成为畅销书。具有讽刺意义的是,因为色艳而畅销的《于斯蒂娜》也引起道德家的反感和鞭挞,以至于萨德甚至一度否认自己是此书的作者。拿破仑称帝后,出于政治需要,极力讨好梵蒂冈,开始拿公开的无神论者萨德开刀,以‘伤害风化’为由,未经任何司法程序把萨德关入精神病院,并发令:让他在那儿呆下去吧。萨德自然没虚度光阴,精神病院也没虐待他,反而让他安心写作,结果,好几本大作问世,包括La Marquise de Gange, La Journée de Florebelle , l’Hstoire secrète d'Isabelle de Bavière。一八一四年, 萨德侯爵逝于莎昂东,享年74岁。
萨德无疑是个彻底的自然享乐主义者,他坚信任何个人的意愿与行为对于自然的进程来说都是毫无价值,生命的继续才有真正意义,而生命是如何活动的对自然则毫无意义。在他看来谋杀或是致人死命的暴力都可以服务于自然的这个目标,因为它们只是加速了自然物质的更新而已。至于慈悲、善意或其它一切美德,既可笑天真,且不自然。世界对他而言就是一个邪恶的组合,自然界到处都是罪恶。美德道德并不真实,善与美德的努力是无望的,终将遭到失败和毁灭。而人的罪恶却为人带来财富、快乐和权力,罪恶使人成为强者;他推崇力量,认为残忍的快乐是完全自然的,自然并不在乎被叫做“邪恶”。换言之,萨德的字典里没有柔美,恩爱,体惜,因为他认为生命并非如此,作为生命的体现,性更非如此。
关于萨德的无神论观点,右先生认为他比较矛盾。因为萨德一方面否认,拒绝上帝的存在, 一方面有希望上帝有感应,这样的话,他才能有有一个更“神圣”的可以诋毁,诅咒,谩骂并因此带来性的享受和快感。萨德曾经说过“我巴不得他(指上帝)存在,这样我能骂着他到高潮呀”。不过萨德在有一次监禁出狱后,看见无神论渐渐被接受,曾表示欣慰。
直至今天,对萨德的评论众多,如同对性的理解一样,可以有无穷个演绎,有关性的想象和行为也是个无穷的魔方,萨德一生身体力行,用自己的自由为代价,尝试到达性的边界和极限,如果存在的话。作者右先生总结说,今人感谢萨德,他使我们认识到性并不总是温柔美好的,更不是利他的,性的欲望也伴随着毁灭,越界,破坏甚至可以是死亡的一部分。而探索禁忌,偷食禁果是人的本性,越禁忌的越具有诱惑力。关于恶,当今世界未必比萨德的十八世纪进步,野蛮,毁灭,丑恶每天都充斥我们的生活,倒头来,正如萨德所言,‘人的真正幸福只存在于想象’,也许可以加一句,人的不幸和性也在于想象,无穷的想象。
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著名的《七星文库》(La Pléiade) 是加利马出版社为纪念中世纪的‘七星文学’运动设立的文库,专事出版法国和世界名高望众的,可以列为“经典”的文学作品。一九九零年,萨德的著作终于被收进文库,算是对他的文学成就的迟到认可。
- posted on 08/22/2009
昨晚,再去看了场flamenco的演出,昨晚的两位舞者异常出色,不是show给游客的那种,而是放荡粗野的街边性质的舞蹈。我体会到了鹿希文字解读的这些:
萨德的字典里没有柔美,恩爱,体惜,因为他认为生命并非如此,作为生命的体现,性更非如此。
直至今天,对萨德的评论众多,如同对性的理解一样,可以有无穷个演绎,有关性的想象和行为也是个无穷的魔方,萨德一生身体力行,用自己的自由为代价,尝试到达性的边界,如果有的边界的话。作者右先生总结说,今人感谢萨德,他使我们认识到性并不总是温柔美好的,更不是利他的,性的欲望也伴随着毁灭,越界,破坏甚至可以是死亡的一部分。而探索禁忌,偷食禁果是人的本性,越禁忌的越具有诱惑力。关于恶,当今世界未必比萨德的十八世纪进步,野蛮,毁灭,丑恶每天都充斥我们的生活,倒头来,正如萨德所言,‘人的真正幸福只存在于想象’,也许可以加一句,人的不幸和性也在于想象,无穷的想象。”
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普罗大众似是而非的幸福,那幸福其实离死亡很近,他们只是不知道而已。用科学的术语来解释,强力的运动,身体的痛楚,精神的绝望痛楚与性,快乐,高潮所产生的endorphin都是一样的,产生于同样的源泉。 对死亡的憧憬想象与性的幻想融合一体,就是西方吸血鬼文化的精髓。大多数的人用柔美,恩爱,体惜来迷惑自己与他人,这种柔美的迷魂药让体弱的人吃一点点就上瘾了。
感谢鹿希的文字,浅白易懂地解读了萨德。
- Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 08/22/2009
著名的《七星文库》是加利马出版社为纪念中世纪的‘七星文学’运动设立的文库,专事出版法国和世界名高望众的,可以列为“经典”的文学作品。一九九零年,萨德的著作终于被收进文库,算是对他的文学成就的迟到认可。
萨德在文学以及哲学上的贡献,是挖掘了知性的另一个维度极限,用暴力展现了理性的匮乏,温情脉脉之下的残酷被赤裸裸地撕裂,是之后哲学研究的先锋,他摘取了智慧树上的善恶果。 - Re: Marquis de Sade---给玛雅posted on 08/22/2009
鹿希Good writing。咖啡里这样的文字最好!
'The first casualty, when war comes, is truth', -- Rudyard Kipling. - posted on 08/28/2009
今天路上正好碰上文化台的《百家讲坛》 节目,哲学系列-关于尼采。 我没听着头,只好掐头去尾,提及尼采的思想可以追至萨德(谁专修过这段哲学史,给个脉络?)。然后讲到尼采‘不合时宜’的享乐主义,大概总结其方子如下,刚听到这儿,到家了,只好提前下课:)
Un épicurisme intempestif
Premier remède :
les dieux ne sont pas à craindre
- « dieu est mort »
- Avènement du nihilisme
- Triomphe de la volonté de puissance
- Abolition des arrières-mondes
Deuxième remède :
la mort n’est pas à craindre
- La mort n’est pas un mal
- Douceur de l’eternel retour
Intermède : contre Deleuze
- La connaissance par les gouffres
- Eternel retour et mort
Troisième remède : la souffrance est supportable
Quatrième remède : le bonheur est possible.
- posted on 08/29/2009
今天再读了几段萨德的历史以及他的著述。我发现真正致使他入狱的是政治原因而不单是几个奴婢受害的控告。拿破仑上台后他再次入狱就是非常明显的政治事件。
说萨德,也让人联想起马索克,他比屠格涅夫还是高级点吧?屠格涅夫的东西现在还有谁读呢?
Leopold Ritter[1] von Sacher-Masoch (27 January, 1836 – 9 March, 1895) was an Austrian writer and journalist, who gained renown for his romantic stories of Galician life. The term masochism is derived from his name.
During his lifetime, Sacher-Masoch was well-known as a man of letters, often compared to Turgenev, who was seen by some as a potential successor to Goethe. He was a utopian thinker who espoused socialist and humanist ideals in his fiction and non-fiction. Most of his works remain untranslated into English. The novel Venus in Furs is his only book commonly available in English. - posted on 08/29/2009
用google大概知道什么意思了:
First remedy:
the gods are not to fear
- "God is dead"
- Rise of Nihilism
- Triumph of the Will to Power
- Elimination of back-worlds
Second remedy:
death is not fear
- Death is not evil
- Softness of the eternal return
Interlude: cons Deleuze
- Knowledge by chasms
- Eternal Return and Death
Third remedy: the pain is bearable
Fourth remedy happiness is possible.
Quatrième remède : le bonheur est possible.
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